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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/160

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voix ; mais pour le lui faire quitter (et c’est encore ici un trait de caractère), il fallut qu’ils appuyassent leur conseil de l’avis d’un docteur de Sorbonne. « Les anciens canons sont très-respectables, lui dit cet homme sage, mais en ce moment ce qui importe, c’est que vous soyez de l’Académie. » Il est au reste fort à présumer que c’était là une précaution superflue, et à l’empressement que l’Académie montra pour l’acquérir, on vit bien qu’elle aurait voulu l’avoir,’quelque habit qu’il eût porté. On n’attendit pas même qu’une place de physique ou de minéralogie fût vacante, et quelques arrangements en ayant rendu une de botanique disponible[1], elle lui fut donnée presque d’une voix et même de préférence à de savants botanistes[2].

Il reçut un témoignage encore plus flatteur de l’estime de ses nouveaux confrères. Plusieurs d’entre eux et des plus distingués le prièrent de leur donner des explications orales et des démonstrations de sa théorie. Il leur en fit un cours particulier. MM. de Lagrange, Lavoisier, de Laplace, Fourcroy, Berthollet et de Morveau vinrent au cardinal Lemoine suivre les leçons du modeste régent de seconde, tout confus de se voir devenu le maître d’hommes dont il aurait à peine osé se

  1. C’était la place d’adjoint dans la classe de botanique, laissée vacante par la promotion de M. de Jussieu à celle d’associé. L’élection de M. Haüy est du 12, et la lettre de M. Amelot qui annonce la confirmation du Roi, du 15 février 1783.
  2. MM. Desfontaines et Tessier qui eurent les secondes voix, et MM. Dombey et Beauvois. Dombey est mort avant d’être de l’Académie. Beauvois n’y est entré qu’en 1803. En 1788, M. Haüy passa comme associé à la classe d’histoire naturelle et de minéralogie.