fut récompensée et sa lenteur punie d’une manière bien remarquable.
Distillant à diverses reprises de l’esprit de vin sur des alcalis fixes, il avait obtenu, chaque fois, un peu d’alcali volatil ; et de ce fait mal vu il avait déduit, sur l’origine de cette substance, un système entièrement erroné. Lavoisier, dans son Rapport[1], l’engagea à en différer la publication. Il mit, en effet, ce Mémoire de côté, et ce fut pour lui un très-grand bonheur. Une fois engagé dans cette fausse route, l’amour-propre l’y aurait peut-être retenu, et il n’aurait plus songé à des recherches plus sévères qui lui procurèrent, deux ou trois ans plus tard, l’une de ses plus belles découvertes, celle de la véritable composition de l’alcali volatil.
Dans une autre occasion, ce fut sa lenteur qui le priva évidemment d’une autre grande découverte, qu’il touchait déjà en quelque façon. Ses expériences sur la décomposition du nitre[2] présentent des faits dont l’explication est très-simple dans la théorie de l’oxigène, et qui devaient naturellement conduire à prononcer que l’acide nitreux se compose d’oxigène et d’azote, vérité que Cavendish proclama quelque temps après ; mais, par une sorte de fatalité, c’étaient ces expériences mêmes sur le nitre qui semblaient à M. Berthollet repousser la théorie nouvelle. L’acide, en se décomposant, rendait libre et élastique un grand volume d’air ; il aurait donc dû s’absorber beaucoup de chaleur, et au lieu de cela il s’en dé-