veloppait une quantité immense. M. Berthollet cherchait donc d’autres explications ; mais les hypothèses où il se jetait pour les trouver étaient si vagues, qu’à la réflexion elles durent lui déplaire à lui-même. Il comprit enfin que, dans ce cas tout-à-fait exceptionnel, l’oxigène se combine avec toute sa chaleur, et ce fut alors seulement qu’il se rendit. Sa conversion complète ne date que de 1785. Dans un Mémoire de cette année, sur l’acide muriatique oxigéné[1], il fait sa profession de foi, et combat même Guyton de Morveau, qui croyait encore à la nécessité du phlogistique, pour expliquer l’action de l’oxide de manganèse sur l’acide muriatique.
Ainsi, ne l’oublions pas : il a fallu dix années à Lavoisier pour ramener à lui, même dans ce que sa doctrine avait d’incontestable, les hommes les plus dignes de l’entendre ; et faisons-le remarquer aussi : M. Berthollet, peu de temps après, éprouva par une sorte de talion, un sort semblable. En 1787[2] il reconnut que l’acide prussique ne contenait point d’oxigène. Ce fait, rapproché de ce qu’il avait observé sur l’hydrogène sulfuré, démontrait de plus en plus que l’oxigène n’est pas le principe nécessaire de l’acidité ; mais cette vérité ne put prévaloir. La théorie qui venait de triompher était devenue despotique à son tour, et les esprits dominés par elle se refusèrent à admettre sitôt une exception. Un second travail, fait neuf ans après, sur l’hydrogène sulfuré[3], ne suffit point encore, et il a fallu les belles expé-