appuyées sur un grand, nombre de faits et d’expériences nouvelles, elles ont produit enfin, en 1803, la Statique chimique, cet ouvrage si capital, mais en même temps si abstrait et pour l’analyse duquel j’ai besoin d’implorer d’avance toute l’indulgence de mon auditoire.
Ce titre même de Statique en annonce l’objet : c’est ce balancement, cette espèce d’équilibre entre les forces qui maintiennent l’état d’un composé et celles qui tendent à en séparer les éléments.
Cette force de la nature en vertu de laquelle s’opèrent les dissolutions et les combinaisons, a été nommée affinité par les chimistes ; et dès le commencement du dernier siècle, un membre de cette Académie, Étienne-François Geoffroy, avait eu l’heureuse pensée de dresser une table où les substances sont rangées d’après le degré d’affinité qu’elles ont l’une pour l’autre.
Un fait assez curieux et où l’on voit un singulier effet de l’esprit de système, c’est que M. de Fontenelle, dans un éloge assez long de Geoffroy semble ne parler qu’à regret de cet ouvrage sans contredit le principal de cet académicien, et se borne à dire qu’il fit de la peine à plusieurs, parce qu’on prit ces affinités pour des attractions déguisées.
Une opinion assurément bien contraire a succédé à cette répugnance, car pendant long-temps on s’est attaché aux affinités, précisément parce qu’on les croyait des effets de la gravitation universelle, lorsqu’elle s’exerce entre des molécules de figures déterminées, qui s’attirent à des distances prochaines. Nous pourrions dire aussi que plusieurs reviennent maintenant de cette supposition. Ce qui est certain, c’est que, juste ou non, elle ne donne à la science