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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/205

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ÉLOGE HISTORIQUE

aucun moyen de se rendre un compte précis de ces phénomènes ni de les représenter par le calcul. On est donc réduit à les constater par l’observation, et Bergman, le plus ingénieux de ceux qui s’étaient occupés de ramener les affinités à des lois déduites de l’expérience, avait cru pouvoir les considérer encore à la manière de Geoffroy comme s’exerçant par des préférences, et de façon qu’un corps dont l’affinité pour un autre est plus grande fût capable de l’enlever à tout autre corps dont l’affinité pour lui serait moindre, et de rendre ainsi ce troisième corps entièrement libre. Que si l’on rapproche deux corps composés chacun de deux éléments, ce sera la somme des affinités simples de ces éléments pris deux à deux qui décidera s’ils conserveront leur union, ou si par une double décomposition ils coutracteront de unions nouvelles.

Rien de tout cela n’est la véritable expression des faits, selon M. Berthollet. L’action chimique s’exerce en raison de l’affinité et de la quantité de chacun des corps mis en contact. L’affinité d’un corps pour un autre peut s’exprimer par la quantité qu’il doit en dissoudre pour en être saturé, ou en d’autres termes, par sa capacité de saturation. Lorsque deux acides agissent à la fois sur une base, ils agissent chacun en raison de leur masse et de leur capacité de saturation, mais ces trois substances demeureraient unies et ne formeraient qu’un même liquide, et il en serait de même de la dissolution commune de deux composés binaires : leurs quatre substances demeureraient ensemble, s’il ne survenait pour les séparer des causes étrangères à leurs affinités mutuelles. Mais ces trois, ces quatre substances peuvent former, prises deux à deux, diverses combinaisons ; et si l’une de ces