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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/243

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morale ; mais au milieu de ses méditations sur l’humanité en général, les développements graduels de l’organisation sociale eurent pour lui un attrait plus particulier. Le naturaliste se changea par degrés en historien, et il se trouva insensiblement avoir travaillé, seulement sur la dernière période de ses âges de la nature, sur celle qui embrasse les établissements politiques et religieux des siècles écoulés depuis la chute de l’empire d’Occident. On en a trouvé l’histoire complète dans ses papiers, et il en a déja été publié quelques volumes.

Les lecteurs de cet ouvrage ont dû être frappés de la grandeur du plan, et de la hardiesse avec laquelle il présente de front les événements arrivés à chaque époque sur le vaste théâtre de l’Europe. Ils ont dû y reconnaître aussi le caractère constant de l’auteur : l’étonnement mêlé d’horreur que lui causent les crimes ; la disposition à croire à la pureté des intentions ; l’espérance de voir enfin améliorer l’état général de l’espèce humaine. Si cette histoire n’a pas l’intérêt dramatique de celles qui se restreignent à un pays particulier et qui peuvent faire ressortir d’une manière plus saillante leurs personnages de prédilection, elle n’en est pas moins remarquable par l’élégance continue du style et par la clarté avec laquelle s’y développent des événements si nombreux et si compliqués ; mais on ne pourra en porter un jugement définitif que lorsque le public la possédera dans son entier[1].

  1. Aux grands ouvrages de M. de Lacépède, dont il a été parlé dans son éloge, on doit ajouter de nombreux Mémoires imprimés dans divers recueils, tels que :