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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/312

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Quoiqu’elles ne nous aient pas encore présenté les résultats positifs que nous eussions désirés, nous les croyons cependant à peu près suffisantes pour éclaircir la question. Au reste, pour mieux faire sentir la difficulté de la résoudre complétement, qu’il nous soit permis de l’apprécier par une histoire rapide de l’état auquel elle est arrivée.

La génération dans les bivalves, c’est-à-dire dans cette grande classe d’animaux à laquelle appartiennent les huîtres, les moules, et tant d’autres genres que la conchyliologie y a introduits dans ces derniers temps, a été depuis long-temps le sujet des doutes des philosophes. Les anciens, pour couper court, supposent qu’ils naissent du limon dans lequel un assez grand nombre d’espèces habitent constamment. C’est, en effet, l’opinion d’Aristote, qui dit positivement, dans son Histoire des animaux (liv. 5, chap. 15), que tous les testacés naissent spontanément dans le limon, différent suivant leur nature, vaseux pour les huîtres, arénacé pour les conques ; opinion qu’Oppien a traduite dans ces vers :


Quæ non concumbunt, nec fœtus nexibus edunt,
Per se nascuntur foedo, velut ostrea cœno
Est non distincto, semper levis ostræa sexus
Hos inter pisces, nec mas, nec fæmina nota est.

Mais cette opinion, ne reposant que sur des observations incomplètes, fut aisément abandonnée, lorsque Redi combattit, par des arguments irrécusables, la génération spontanée de beaucoup d’animaux du type des insectes. Ce ne fut cependant que par analogie que l’on put conclure de ceux-ci aux bivalves ; car ce célèbre philosophe ne fit aucune expérience pour s’assurer du mode de reproduction de ces ani-