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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/66

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de l’Europe et de l’Amérique. L’auteur montre ensuite l’influence favorable des grandes forêts qui couronnent les montagnes, abritent les contrées, alimentent les sources, tempèrent l’action des vents. Il décrit avec le même soin les effets nuisibles des bois inférieurs, qui dans de certains lieux entretiennent une humidité funeste, arrêtent la circulation de l’air, et occasionnent des fièvres annuelles. Il cite les marécages tourbeux de la Grande-Bretagne, les forêts inondées de l’Inde et de l’Amérique. Dans le sixième et dernier chapitre, M. Moreau de Jonnès considère surtout l’influence des grandes forêts sur la fertilité du sol, et sur l’économie civile ; il montre les conséquences graves et prochaines de la diminution rapide des grandes forêts, et les dommages immenses qu’elle occasionnerait dans les propriétés du sol, les usages domestiques et les procédés des arts, le commerce maritime et la marine militaire.

En traitant des questions aussi étendues et aussi variées, l’auteur a fait une application remarquable des vrais principes de la géographie physique. Il ne se borne point à des considérations générales. Il décrit, il énumère ; et ses recherches fondées sur les documents les plus divers, dont il cite les sources principales, comprennent une multitude de faits qui n’avaient point encore été comparés. Enfin, ce qui est une condition trop souvent négligée dans les écrits de ce genre, il exprime en nombres tous les résultats de ses recherches ; c’est ce qui distingue son ouvrage des dissertations confuses, où l’on s’efforce de suppléer au défaut de connaissances positives par l’exagération et le vague des expressions. À la vérité, les évaluations numériques que comporte un tel sujet sont rarement susceptibles d’une précision rigoureuse :