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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/83

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plus légères que l’air atmosphérique. On savait combien l’air est promptement dilaté par l’action de la chaleur, et l’effet était déja mesuré assez exactement. M. Mongolfier et son frère répétèrent cette observation : ils connaissaient les propriétés des différents gaz, et essayèrent plusieurs moyens de résoudre la question qui les occupait. La théorie en était facile ; mais il y a un intervalle immense entre une première vue, quelque juste qu’elle soit, et la solution effective d’un problème, qui consistait à transporter des poids énormes à cinq ou six mille pieds de hauteur. Tout devient obstacle dans une route nouvelle. La ténuité, l’imperfection inévitable de l’enveloppe, l’extrême chaleur qu’il fallait développer d’abord, et même entretenir, ou la nécessité d’y suppléer, en produisant une grande quantité d’un gaz très-léger qu’il paraissait presque impossible de contenir assez long-temps, telles sont les difficultés principales d’une entreprise aussi singulière que celle d’imiter les nuages. Après diverses tentatives dont les détails nous ont été transmis, et qui remontent à l’année 1782, l’inventeur se détermina à dilater l’air atmosphérique par l’action d’un foyer où l’on brûlait aussi quelques matières animales ; il parvint ainsi, par une assez longue suite de recherches, à réaliser l’un des projets les plus extraordinaires qu’un homme ait pu concevoir.

Cette expérience mémorable eut lieu le 5 juin 1783, en présence des États du Vivarais assemblés à Annonay. Lorsqu’on apprit dans la capitale un fait aussi prodigieux, personne n’en fut frappé plus vivement que M. Charles. Il entreprit aussitôt d’obtenir, par un autre moyen, le même résultat.

Il savait que l’air échauffé renfermé dans le ballon était