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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/84

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devenu seulement deux fois plus léger ; il jugeait avec raison que la force ascensionnelle était due à la seule action de la chaleur, et que par conséquent il faudrait, suivant un tel procédé, donner à l’aérostat de très-grandes dimensions, et que la présence du foyer exposait incessamment l’appareil au plus grand danger. Il jugea donc bien préférable d’employer le gaz hydrogène, qu’on appelait encore l’air inflammable, et qui est environ douze ou quinze fois plus léger que l’air atmosphérique. Un grand nombre de personnes désiraient que l’on tentât une expérience aussi importante : elles s’accordèrent toutes pour en confier là direction à celui qui avait donné tant de preuves publiques de ses talents. On venait de composer un nouvel enduit résultant d’une dissolution de gomme élastique dans l’huile de térébenthine.

Charles entreprit de l’appliquer aux enveloppes de taffetas, où l’on renfermerait le gaz hydrogène ; et après un assez grand nombre d’essais, il parvint à résoudre la difficulté principale de la construction des aérostats, celle de contenir dans une enveloppe extrêmement légère et flexible une substance gazeuse aussi subtile que l’air inflammable.

Cette grande expérience eut un plein succès ; son aérostat s’éleva du Champ-de-Mars le 2 août 1783, et parvint en deux minutes à 500 toises de hauteur : il se perdit d’abord dans un nuage, reparut ensuite, et continua de s’élever malgré une forte pluie. Il descendit peu de temps après à la distance de cinq lieues.

C’est la première fois qu’on a employé dans les aérostats le gaz hydrogène ; ce procédé était le seul que les sciences pussent conserver. Aujourd’hui on ne fait usage d’aucun autre. Ainsi M. Charles sera cité dans tous les temps comme