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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/88

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Dans ces voyages aérostatiques, on a toujours employé les procédés découverts et perfectionnés par M. Charles; et si l’invention des aérostats doit procurer de nouveaux avantages aux sciences, à l’art militaire, à l’industrie, c’est à lui surtout qu’on en sera redevable ; il a donné à l’invention la forme qu’elle a conservée ; c’est lui qui en a rendu l’usage facile et exempt de danger.

Personne ne conteste aujourd’hui l’’utilité et la justesse de ses vues ; mais on n’en porta point d’abord le même jugement. M. Charles avait trop d’esprit et trop de sagesse d’esprit pour chercher à diminuer l’éclat de la découverte principale, et l’inventeur lui-même était trop bienveillant et trop éclairé pour lui en attribuer le dessein ; mais il est bien rare qu’un succès éclatant puisse échapper à l’envie. Elle s’était efforcée de montrer comme inutile, ou même dangereux, le procédé de l’air inflammable ; elle parvint même à inspirer ces préventions à des personnes d’un mérite éminent. On allégua que Charles n’avait eu d’autre but que de faire oublier la première découverte : rien n’était plus opposé à son caractère et à ses prétentions. Il avait même exprimé son opinion à ce sujet publiquement, et de la manière la plus ingénieuse ; car, avant l’ascension des Tuileries, Montgolfier avait reçu de sa main un ballon d’essai, qui partit d’abord et indiqua la direction des vents. « C’est à vous seul, lui dit « M. Charles qu’il appartient de nous ouvrir une route nouvelle. » Mais il ne parvint pas à désarmer l’envie : elle est opiniâtre, inventive, infatigable.

Charles en a ressenti les atteintes pendant une grande partie de sa vie. L’extrême facilité et l’attrait naturel de son caractère lui avaient fait de nombreux amis ; il fut attaqué et