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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 9.djvu/120

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Depuis long-temps les botanistes ont remarqué dans la végétation des changements à peu près semblables quant aux nombre des plantes, et quant aux genres et aux espèces auxquels elles appartiennent, lorsqu’ils se sont rapprochés du pôle ou qu’ils se sont élevés vers les sommets des hautes montagnes. Le refroidissement progressif de la température dispose les végétaux à se ranger sur les divers étages des chaînes, comme aux différentes zones de la terre, et l’une de ces échelles représente l’autre en petit. On comprend néanmoins que cette conformité ne peut pas être complète. Ni la succession des jours et des nuits, ni l’état et le poids de l’air, ni la nature des météores, ni les facilités ou les difficultés de la dissémination des plantes, ne sont les mêmes ; et par ces raisons il reste toujours intéressant d’étudier sous exiv rapport la végétation des montagnes, surtout celle des pics isolés, dont par beaucoup de causes les caractères doivent être plus prononcés.

C’est ce qui avait engagé M. Ramond, que l’Académie a eu le malheur de perdre il y a seulement quelques semaines, à s’occuper avec une suite toute particulière de la végétation du pic du Midi de Bagnères, sommité de la lisière septentrionale des Pyrénées, élevée de plus de mètres au-dessus de la mer, et qui se trouve séparée des sommets semblables les plus voisins par des intervalles rabaissés et longs de deux et trois lieues. M. Ramond y est monté trente-cinq fois en quinze années différentes, et n’a rien négligé pour constater tous les points de sa constitution physique aussi-bien que pour en recueillir tous les végétaux, quelque microscopiques qu’ils scient. La chaleur de l’air s’y porte rarement en été au-dessus de 16 ou 17° ; mais son sol schisteux et noirâtre s’é-