Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 9.djvu/59

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Les plus grands paragrêles employés jusqu’à présent sont des arbres ou des perches de pieds de hauteur, armés d’une pointe de laiton qui communique avec la partie humide du sol au moyen d’un fil métallique : on ne pourait donner plus de hauteur à ces perches, sans les exposer à être facilement renversées par le vent, à moins qu’on n’employât dans leur construction et leur établissement des précautions qui augmenteraient beaucoup la dépense. Il n’est guère probable que des paratonnerres aussi peu élevés puissent soutirer l’électricité des nuages de grêle, dont la hauteur doit être considérable.

La marche de ces orages étant ordinairement très-rapide, on ne doit pas espérer de prévenir la formation de la grêle par le moyen des instruments proposés, même en les supposant capables de soutirer l’électricité des nuages, à moins d’en couvrir à la fois une vaste étendue de pays. Aussi l’Académie des Sciences, en faisant observer dans une note de son instruction sur les paratonnerres, que s’ils étaient assez multipliés ils préviendraient peut-être la formation de la grêle, les supposait-elle répendus sur la surface entière de la France, et élevés de plus de cent mètres au-dessus du sol. Il est permis de croire qu’en pareils cas ils exerceraient un effet sensible sur l’état électrique des nuages. Mais il y a loin de cette supposition presque impossible à réaliser, aux essais tentés jusqu’à présent pour préserver quelques cantons de la grêle.

Les membres de la section de physique n’affirmeront pas cependant que les appareils employés ne peuvent point empêcher la formation de la grêle : ils pourraient encore moins répondre de leur succès. C’est une question sur laquelle l’expérience seule peut prononcer.