Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/346

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centre industriel en pleine activité. Il se pourrait bien, en effet, que sous la domination romaine, des habitants de Carentomag eussent quitté leur ville pour aller habiter celle de la Madeleine, poussés par l’appât du gain ou par ce même sentiment qui, malheureusement, dépeuple aujourd’hui nos campagnes.

En 1803, un éboulement qui se produisit un peu audessous de la Maladrerie et en face de l’emplacement de l’antique cité, mit à découvert cinq ou six cents urnes funéraires, rangées à deux pieds les unes des autres. N’était-ce-pas la nécropole de la ville? Mais de quelle époque étaient ces urnes ; appartenaient-elles à la période gallo-romaine ou étaient-ce des pots grossiers des anciens Celtes? C’est ce qu’il est bien difficile de savoir, car des enfants qui les virent les premiers s’amusèrentà les briser à coups de pierres. La réunion, sur ce point, d’un si grand nombre de monuments funèbres admettrait dans le voisinage la présence d’une population considérable, ou bien ferait remonter à plusieurs siècles avant la conquête romaine, l’usage de déposer en ce lieu les cendres des morts.

Dans son Histoire de l’église du Rouergue, M. l’abbé Servières nous apprend que la partie occidentale de ce pays fut évangélisée par saint Antonin vers le milieu du IIe siècle. On peut en conjecturer que dans notre cité les dernières crémations durent avoir lieu à cette époque, c’est-à-dire un peu plus d’un siècle avant la date de fondation supposée par M. de Gaujal. Dans le principe, sous la domination romaine, les ouvriers des mines devaient être des esclaves ou traités comme tels. Après leur mort, ils étaient jetés pêle-mêle dans des fosses ou pourrissoirs publics (puticulae). La population de la ville devait donc être bien plus considérable encore, si les urnes appartenaient à la période gallo-romaine.

À l’aide du champ des morts, on peut suivre encore, à travers les siècles, l’existence de cette ville antique. En effet, lorsqu’on cessa de brûler les corps, les habitants de la cité choisirent pour le lieu principal de leurs inhumations l’entrée de la vallée de la Romiguière. A différentes