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Puech-d’Elves, à la lisière du bois, un groupe de sorcières exécutant des rondes à cheval sur un manche à balai. Leur figure avait quelque chose de fantastique et d’infernal. Elles avaient un long menton, un nez pointu et recourbé, une bouche enfoncée et privée de ses dents, et leur tête était couverte d’un bonnet. Après avoir exécuté leurs rondes au milieu de la nuit, les paysans de la fin du siècle dernier assuraient à leurs enfants les avoir vues disparaître comme des ombres dans l’épaisseur du bois.

La terreur que ces légendes inspiraient, il y a encore peu d’années, était telle, que personne n’eût osé la nuit passer par ce lieu maudit du Puech-d’Elves.

DEUXIÈME LÉGENDE. — Supercherie du drac. — Les espiègleries du drac, dont les histoires sont si nombreuses aux environs de Villefranche, ont toutes, à ne pas en douter, les superstitions druidiques pour origine.

On raconte dans nos contrées, qu’un jour le drac, sous la forme d’un petit agneau égaré et pris dans des ronces, bêlait de l’autre côté du lac de Loc-Dieu. Un paysan du voisinage étant venu à passer et l’ayant aperçu retrousse ses chausses et traverse avec peine le lac marécageux. Il débarrasse la petite et innocente bête, la place sur ses épaules et se dispose ainsi à repasser le lac. Mais lorsqu’il est arrivé au milieu du marécage, notre pauvre homme est obligé de s’arrêter, ne pouvant plus ni avancer ni reculer, tant ses jambes se trouvent embarrassées dans les roseaux...

Enfin, sorti avec peine de ce premier pas, il advint que sa petite charge devint tellement lourde, qu’il finit par plier sous son poids. Et lorsque, après les efforts les plus énergiques il se crut arrivé à l’autre bord, le jeune agneau qu’il avait toujours sur ses épaules se trouva être une énorme chèvre qui d’un bond s’élance sur la rive, et là d’une voix tremblante et moqueuse lui crie : M’as pla carioulat! m’as pla carioulat!

TROISIÈME LÉGENDE. — Le cheval qui se raccourcit. — Une autre fois, le métayer de la ferme des moines de Loc-Dieu revenait de Villefranche ; sur sa route il aperçoit