Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/363

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Sur ce même coteau il a longtemps existé deux lignes parallèles de grosses pierres qui partaient du dolmen et se dirigeaient vers l’Occident.

Il y a encore peu d’années, le peuple de ces campagnes appelait avec terreur ce lieu : lou cami de los foxilieydos, le chemin des sorcières, ou allée des fées. Les paysans croyaient même que tous les samedis, à l’heure de minuit, les sorcières de la contrée se réunissaient en ce lieu pour y faire leur sabbat, en y dansant toutes à la ronde, à cheval sur un manche à balai.

Quoiqu’il existe un certain nombre de dolmens sur les plateaux calcaires du Bas-Rouergue, il est incontestable que celui du Puech-d’Elves devait, par ses dimensions, sa situation et l’allée de pierres qui le précédait, être le plus célèbre de la contrée. Dans son cartulaire de Loc-Dieu, dom Fleury nous dit (p. 13) : « Qu’on se servit d’une partie de cette pierre pour faire un marchepied au maître-autel de l’église de l’abbaye, et que, avant d’être descendue de son trépied, elle avait en longueur au’ moins vingt-huit pans , » ce qui, d’après l’ancienne mesure de Villefranche, ferait aujourd’hui sept mètres de longueur. Fleury ne nous dit pas qu’elle était sa largeur.

Ces antiques monuments disparaissent tous les jours devant la charrue, mais le souvenir des anciennes croyances demeure encore dans l’esprit de nos paysans et se traduit par des légendes qui semblent nous venir des druides. Nous avons recueilli quelques-unes de ces légendes que les aïeuls racontent encore aux enfants pendant les longues soirées d’hiver.

PREMIÈRE LÉGENDE. — Danse des sorcières. — D’après nos bons paysans, tel berger aurait vu sur le coteau du