Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/368

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Jamais, disent nos annales, les habitants du Rouergue n'avaient été aussi malheureux. Les villes comme les campagnes devinrent désertes, car afin de sauver leur vie et échapper au danger, les habitants avaient été obligés de fuir et de quitter le pays. Pour éviter de périr par le fer ou le feu de ces barbares, ceux qui étaient restés avaient été obligés de se cacher au fond des bois ou dans des grottes profondes comme des bêtes sauvages, abandonnant ainsi aux barbares leurs maisons, leurs biens et leurs terres, qui restèrent sans culture.

Ces Sarrasins semblaient s'attaquer de préférence aux églises et aux monastères : « monachos et altos probos homines. » Les églises de Rodez, de Cahors, et plusieurs autres du Midi furent veuves de leurs évêques de 670 à 838, tant la persécution dût être vive. L'évêché d'Arisitum disparut entièrement à cette époque (676). Vers la fin de ce siècle la guerre civile amena de nouveaux malheurs sur la population du Bas-Rouergue. Waïffre, dernier rejeton des Mérovingiens, semble avoir eu beaucoup de partisans dans nos contrées et s'être trouvé maître de nos principales places. Pour le combattre, Pépin pénétra dans le Bas-Rouergue, par Saint-Antonin, et arriva avec son armée jusqu'à Peyrusse qu'il assiégea et prit. Les défenseurs qui s'y trouvaient furent passés au fil de l'épée[1].

Pour se faire une idée plus exacte du pays du Rouergue,

  1. En 755, les rares défenseurs qui se trouvaient alors furent enlevés aux villes pour suivre l'armée de Pépin. Tel pagus, qui, du temps de César, comme Uxellodunum, Carentomag, etc., etc., avait fourni de nombreux combattants contre l'ennemi commun n'offrait plus que des ruines ou des murailles abandonnées. Un 633 de Rome, Bituit, rai des Arvernes, fit marcher contre les Romains une armée de deux cent mille hommes. Les Ruthènes en avaient fourni vingt-deux mille. (César, 1.1, de bello Gallico).
    Waïffre fut assassiné plus tard par la trahison d'un de ses domestiques. En se rendant de Peyrusse en Quercy, Pépin fonda en passant les abbayes de Figeac et lie Marcillac, qui ont donné naissance aux deux villes de leur nom. En 755 le pape Etienne et Pépin étaient en Quercy (Histoire du Quercy, par Cathala, tom. 1er p. 83).