Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans un coin d'une forêt sauvage (in loco horroris) du Bas-Rouergue qu'ils s'étaient choisi et qui se trouvait sur des terres de sa juridiction (Impetrarunt a viro nobili nomine Arduino licentiam construendi monasterium cum jussione Rhutenensis episcopi.Gallia, t. 1, 262).

Voyant devant lui des religieux de la règle de Saint-Benoît et de la filiation de Citeaux dont la réputation de sainteté et de science grandissait tous les jours dans le monde, l'évêque les accueillit avec une extrême bonté. Comme il éprouvait un grand désir d'avoir dans son diocèse des moines de Citeaux, il leur accorda avec empressement la permission qu'ils sollicitaient.

L'évêque apprit de la bouche de ces religieux qu'ils venaient de l'abbaye de Dalone en Limousin. Adhemar était lui-même de ce pays. Il était frère puîné d'Archambaud IV, comte de Limoges. Ce fut un nouveau motif pour lui d'accueillir ces pieux cénobites avec encore plus de bienveillance[1].

D'après le témoignage de Fleury (Histoire ecclésiastique), Adhemar III était un évêque éclairé et libéral, possédant de grandes richesses en terres, en rentes ou en dîmes, qui sut, pendant son épiscopat, les faire servir généreusement à la construction de tous les monastères fondés de son temps dans son diocèse. C'est pourquoi il ne se borna pas à accorder à ses religieux la permission qu'ils étaient venus solliciter, il les combla de largesses de manière à leur faciliter l'édification de leur monastère. Adhemar voulut même associer à ces munificences un grand nombre de riches seigneurs de la contrée. Il les engagea à concourir par des dons à la fondation en Rouergue de la première maison de la règle de Saint-Benoît et de la filiation de Cîteaux , dont la sainteté et la science jetaient un grand éclat dans le monde.

  1. Adhemar III était originaire de Limoges, mais il avait des parents en Rouergue. Entre autres il avait pour grand-oncle Pierre Béranger, qui fonda, en 1053, le monastère du Saint-Sépulcre de Villeneuve. In notitia de monasterio Sancti-Sepulori seu Cella de Villa-nova, fundata anno 1053 a Petro Berengario , episcopo Ruthenensi, Adhemarum dicitur esse consanguinem et pia memoria (le Père Mabillon).