Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/381

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pour leur enlever tout ce qui pouvait leur tomber sous la main. C’étaient des outils que les cénobites avaient laissé dans les champs ou dans les bois, des brebis ou des vaches dont le laitage servait à leur nourriture et qui était leur unique ressource.

Les pertes éprouvées par ces vols beaucoup trop fréquents étaient souvent réparées par la piété d’autres visiteurs venus des campagnes environnantes. Parmi eux, la plupart demandaient, en retour de leurs dons, des prières ou des conseils. Tous imploraient des pieux solitaires, pour eux ou leur famille, la guérison du corps et celle de leur âme.

Accompagné de deux religieux, Guillaume partit pour Rodez pour aller demander à l’évêque Adhemar III l’autorisation nécessaire pour fonder dans son diocèse un mo- nastère de la règle de Saint-Benoît et de l’ordre de Citeaux.

Pressentant le peu de sécurité qu’offrait la route de Rodez, nos moines crurent nécessaire de demander un sauf-conduit à Polier, seigneur de la petite ville naissante (Villefranche).

Etant donc entrés dans l’ancien bourg de la Peyrade, les religieux trouvèrent la nouvelle ville encore mal assise. Les habitants y étaient peu nombreux et rien n’annonçait qu’ils fussent en voie de le devenir. Son état de défense consistait dans l’ancien donjon du château de Polier autour duquel la nouvelle bastide s’élevait entourée d’une ceinture de fossés et de fortes palissades de bois. Malgré les franchises que Saint-Gilles avait accordées pour favoriser cette nouvelle ville et y attirer des habitants, la future capitale du Rouergue se développait bien lentement.

Grâce au sauf-conduit que Polier leur accorda, Guillaume et ses religieux purent arriver sains et saufs jusqu’à Rodez et se présenter devant l’évêque Adhemar III.

Aussitôt qu’ils furent admis en sa présence, les trois cénobites se prosternèrent et lui demandèrent humblement l’autorisaton de se bâtir un monastère de leur ordre