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intelligible voix, il renonçait au monde et à tous les biens temporels.

Du chapitre on le menait à l’église où on lui rasait la tête, ensuite on lui donnait solennellement lecture de son acte de profession rédigé à l’avance sur une feuille de parchemin. On déposait sur l’autel l’acte de sa profession. Cet acte était conservé par le chantre dans les archives de l’abbaye.

Après avoir entendu la lecture de l’acte de profession le novice venait se mettre à genoux au milieu du choeur et les moines commençaient à réciter le psaume Miserere, etc. Pendant que durait la psalmodie, le novice allait se prosterner aux pieds de chacun des moines, puis il revenait au milieu du choeur où il se tenait prosterné jusqu’à la fin du psaume.

Alors l’abbé s’avançant la crosse à la main vers le novice, le bénissait sur le front; il bénissait aussi sa coule et l’en revêtait, après cela le monastère comptait un religieux de plus.

Cependant l’excessive sévérité des moines, venus avec Guillaume de l’abbaye de Dalone en Limousin, envers les novices qu’ils dirigeaient, en avait découragé un grand nombre. Il suffisait pour s’exposer à leur sévérité de commettre la plus légère faute dans le chant des psaumes ou dans les cérémonies du choeur, comme tourner involontairement la tête ou marcher un peu trop vite. Ces imperfections étaient pour ces directeurs des novices des fautes très graves, punies avec une excessive rigueur. De sorte que plusieurs s’étaient vus forcés de quitter ce monastère pour aller dans un autre où se trouvaient des guides moins sévères. Il y eut un moment où un grand nombre de novices de la communauté voulurent se retirer en même temps.

Quoique désapprouvant intérieurement la sévérité envers les novices, extérieurement Guillaume ne pouvait cependant que donner raison à ces anciens compagnons de tous ses travaux, qui du reste étaient des hommes d’une vertu et d’une sainteté à toute épreuve et qui donnaient eux-mêmes l’exemple en toute choses de la vie la