Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/397

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exemple, excitèrent les populations de nos campagnes à les imiter, pour faire produire à la terre la nourriture qu'elle leur avait refusée jusqu'à ce jour. Peu à peu ces terres donnèrent non seulement le nécessaire pour vivre dans les années malheureuses, mais finirent bientôt par apporter aux habitants de toute cette contrée calcaire, appelée aujourd'hui le Causse, la richesse que depuis cette époque elle a conservée jusqu'à nos jours.

La communauté de Loc-Dieu grandissait, et de ses bras nombreux elle abattait les bois de la forêt devenue son patrimoine. La vallée qui était au couchant du monastère, c'est-à-dire du côté d'Elves, fut défrichée la première et fut bientôt convertie en une belle et verdoyante prairie.

Nous avons déjà parlé du lac qui se trouvait dans la forêt à quelques pas du monastère, du côté du levant. Les pluies d'hiver le grossissant, son voisinage devenait incommode, et les émanations qui s'en exhalaient pendant les chaleurs de l'été occasionnaient souvent des maladies aux habitants de l'abbaye. Guillaume résolut de dessé- cher et d'assainir ce lieu marécageux.

Grâce à son courage inébranlable et à l'intrépidité de ses moines qui se mirent hardiment à l'œuvre en chantant des cantiques à la louange du Tout-Puissant, l'abbé de Loc-Dieu parvint, après des efforts, à triompher du lac, son terrible voisin. Les détritus de toute sorte qu'il contenait fécondèrent ses champs, et les eaux dont l'écoulement fut réglé arrosèrent ces prairies.

On dit même dans le Causse que la belle fontaine de Labastide-Capdenac, village situé à trois kilomètres de ce monastère, est alimentée par des sources du lac qui furent détournées par l'abbé Guillaume.

En étudiant avec attention ce grand plateau du causse au milieu duquel a été construit le monastère de Loc-Dieu, c'est-à-dire des rives du Lot à celles de l'Aveyron, on y retrouve encore l'influence bienfaisante des moines de cette abbaye. La foi la plus vive s'y est conservée jusqu'à nos jours, car les moines de Loc-Dieu n'étaient pas seulement agriculteurs, ils étaient aussi apôtres.

Plusieurs fois dans l'année un essaim de douze religieux