Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/399

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Les constructions du monastère touchaient à leur fin, et les travaux de défrichement et d'assainissement exécutés par les moines avaient entièrement changé la face de ce lieu. Guillaume résolut alors d'envoyer à l'évêque Adhemar deux religieux pour le prier de venir en personne bénir la nouvelle abbaye à la construction de laquelle il avait tant contribué. Le prélat reçut les deux cisterciens avec beaucoup de bonté, et leur dit que le bon grain apporté dans son diocèse par Guillaume fructifiait déjà à Sylvanès et à Beaulieu, ce qui augmentait son estime et son affection pour le digne abbé et son monastère, et que malgré son grand âge et ses infirmités il viendrait retremper sa foi et sa piété au milieu de ces moines et bénir le nouveau monastère auquel il s'intéressait.

Porteurs de ces bonnes paroles, nos religieux reprirent le chemin de Loc-Dieu, et dès leur arrivée toute la communauté se prépara à cette mémorable cérémonie par la prière, le jeûne et les grandes austérités que prescrivent les règles de Saint-Benoît. On se servait toujours de la chapelle primitive ; car, la construction du couvent ayant absorbé toutes les ressources, Guillaume avait remis à plus tard l'édification d'une église en harmonie avec le monastère.

Lorsque Guillaume apprit l'arrivée de l'évêque, il se porta processionnellement à sa rencontre, c'est-à-dire précédé d'une grande croix et suivi de tous les religieux en habit de chœur. Les moines s'étant prosternés aux pieds du prélat, celui-ci leur donna une première bénédiction. Entré dans le couvent, l'évêque fut très édifié de la piété des cénobites, admira, non sans en témoigner sa satisfaction à l'abbé Guillaume, ce lieu calme et solitaire, cette belle abbaye où tout semblait porter à la