CHAPITRE ii
Quoique je restasse habituellement chez moi, je fréquentais pourtant deux salons, en outre de celui de madame de Duras, ceux de la princesse de Poix et de la marquise de Montcalm. J’étais accueillie chez madame de Poix avec une bonté extrême et je m’y plaisais.
Ce monde, absolument different de celui auquel on était accoutumé, mais qui prenait encore vif intérêt à tous les événements du jour, représentait le siècle dernier se mettant à la fenêtre pour voir passer celui-ci. Une jeune personne qui causait y devenait sur-le-champ l’objet d’une gâterie générale et d’acclamations obligeantes que, tout en les trouvant intempestives, on recevait très bénévolement ; du moins, tel est l’effet qu’elles faisaient sur moi.
La princesse de Poix était la plus aimable vieille femme que j’aie rencontrée. Elle joignait aux grâces de l’esprit, aux douceurs du commerce le plus facile, un caractère digne et ferme qui la rendait également propre à être chef de famille et centre de la société. La conduite exemplaire de sa jeunesse lui donnait le droit d’être indulgente dans sa vieillesse, et elle en usait avec assez