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CHAPITRE XIII


L’ambassadeur d’Autriche refuse de reconnaître les titres des maréchaux de l’Empire. — Cercles chez le Roi. — Indemnité des émigrés. — Influence du parti prêtre. — Naissance de Jeanne d’Osmond.

La Cour de Vienne n’avait jamais consenti à reconnaître les titres, allemands ou italiens, que l’empereur Napoléon avait distribués à ses généraux. Celle de France, de son côté, ne voulait pas leur imposer l’ordre de les quitter ; et cette difficulté restait pendante entre les deux gouvernements, sans que les titulaires eussent à s’en mêler.

Depuis 1814, l’ambassadeur d’Autriche, baron de Vincent, avait dissimulé cette situation de manière à éviter toute tracasserie. Il était garçon et n’avait pas de soirées de réceptions ; ses politesses se bornaient à des dîners. Il invitait de vive voix, monsieur le maréchal ou monsieur le duc, sans ajouter de nom au titre ; et, lorsqu’il attendait quelque personnage de cette espèce, il avait le soin de se placer assez près de la porte pour que le valet de chambre ne se trouvât point dans le cas de l’annoncer. Cela se passait si naturellement que ce manège s’est renouvelé pendant de longues années sans que personne le remarquât.

Il en fut tout autrement à l’arrivée du comte Appony. Celui-ci voulait tenir une très grande maison et débuter avec éclat. Des billets d’invitation furent envoyés au maréchal Soult, au maréchal Oudinot, au maréchal Marmont, etc. On ne s’en formalisa pas. Tous y allèrent.