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INTRIGUE DE M. DE POLIGNAC

ronnays, et le Roi était encore assez sous les impressions que monsieur de Villèle lui avait inculquées de l’incapacité de monsieur de Polignac pour n’oser suivre son goût en le mettant à la tête du conseil.

Par une fausse idée de générosité, monsieur de La Ferronnays, après cette explication, s’appliqua à les détruire, et, sous ce point de vue, il est un peu coupable de la catastrophe dont Jules a été le principal instrument.

Le premier soin du nouveau ministère fut de renvoyer messieurs Franchet et Lavau, directeur de la police générale et préfet de police de Paris, tous deux congréganistes de la plus stricte observance. Le Roi se soumettait à ces mesures indispensables, mais comme un blessé se soumet à l’amputation.

Messieurs de Villèle et de Peyronnet, nommés pairs, se présentèrent fièrement à la Chambre haute à la tête de la phalange qu’ils y avaient fait entrer. Ils s’aperçurent bientôt qu’elle ne leur serait pas longtemps fidèle. Les nouveaux pairs furent promptement modifiés par l’influence de leurs collègues.

On n’entend pas impunément parler raison autour de soi plusieurs heures par semaines, et c’est un des motifs pour lesquels les directeurs congréganistes défendaient à leurs adeptes la fréquentation des personnes qui n’étaient pas dans le giron de la société.

Monsieur de Villèle s’aperçut, assez vite, qu’il n’avait point chance de succès dans ce moment pour n’essayer d’aucune intrigue. Il resta dans une opposition froide, et bientôt s’éloigna tout à fait de Paris. Je ne prétends pas qu’il eût renoncé à tout projet d’ambition, mais il ne croyait pas le terrain favorablement disposé, pour établir ses batteries, et monsieur de Villèle sait attendre.