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BAL CHEZ LA DUCHESSE DE BERRY

reproches, et que tout le monde a péché en contribuant à une catastrophe que bien peu appelaient de leurs vœux.

Pendant qu’on jouait ainsi la couronne à pair ou non, les plaisirs de la capitale n’en étaient pas moins vifs, et le carnaval de 1829 fut très brillant.

Les jeunes princes d’Orléans grandissaient et le Palais-Royal s’égayait. Aux concerts et aux dîners, avaient succédé des spectacles, des bals et des quadrilles. Madame la duchesse de Berry en profitait pour sa part et donnait, à son tour, de très belles fêtes. Les plus brillantes et les plus agréables se passaient dans l’appartement de ses enfants, sous le nom de la duchesse de Gontaut, ce qui dispensait des invitations d’étiquette et permettait de faire un choix parmi ce qu’il y avait de plus à la mode. Il y eut des bals déguisés où la magnificence de quelques costumes éblouissait les yeux, mais qui pourtant en masse n’offraient pas un joli spectacle. Madame la duchesse de Berry pensa qu’en laissant la liberté de se costumer, sans en imposer la nécessité, elle réussirait mieux et elle eut un plein succès.

Le goût du moyen âge commençait à se développer. Elle conçut l’idée de représenter la cour de François II. Tout ce qui était jeune, élégant ou très courtisan, put s’enrôler dans cette troupe pour laquelle on composa des marches, des évolutions et des danses ; le reste des invités, en costumes ordinaires, servait de spectateurs. Monsieur le duc de Chartres, représentant François II, attirait tous les regards.

C’était son premier début ; on admirait sa charmante figure et sa bonne grâce. Les personnes, admises aux répétitions, vantaient également ses manières polies et la finesse du tact qui dirigeait toutes ses actions. Le maître de ballet avait fait préparer un trône où il devait s’asseoir au-dessus de la reine, représentée par madame