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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome III 1922.djvu/207

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INTRIGUES À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS

intrigue. Des gens mieux informés m’ont assuré depuis que c’était injustement.

Monsieur de Polignac chercha assez publiquement à former un ministère. Il s’adressa à des gens de diverses nuances d’opinions, et trouva partout une telle résistance qu’il dut renoncer à ses projets. Il convint avec le Roi de les ajourner jusqu’après la session et retourna à Londres.

Si la couronne était en conspiration contre la législature, la législature ne se montrait pas plus confiante envers la couronne. Après la sotte taquinerie exercée pour une somme de trente mille francs dépensée par monsieur de Peyronnet pour l’embellissement de l’hôtel de la chancellerie et qui fut refusée par la Chambre, elle montra la même malveillance, dans une question d’ordre, pour la présentation de lois fort importantes sur l’administration départementale et communale.

Le ministère avait eu grand’peine à les faire adopter au Roi qui ne dissimula pas sa joie, lorsque le mauvais vouloir des députés lui fournit prétexte à les faire retirer. À dater de ce moment, il reprit son rôle d’opposition ouverte à son propre cabinet ; les députés, plus particulièrement attachés au Roi et caressés par lui, se mirent ostensiblement dans l’opposition au ministère.

La Chambre, dans sa discussion du budget, avait tenu un langage offensant pour l’armée et adopté des mesures qui froissaient ses intérêts. Il en était résulté la haine des militaires contre elle. Tout ce qui portait un sabre disait, assez volontiers, qu’il était temps d’en finir avec les gouvernements de partage, qu’il fallait imposer silence aux avocats et renverser l’adage : Cedant arma togæ.

Cette disposition des militaires était soigneusement entretenue par le parti ultra et n’a pas laissé que d’en-