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APPENDICE viii

Je passe rapidement sur les épisodes et les intrigues ; toute la mienne est là sous vos yeux et, plus que jamais, je désire d’être hors d’un cercle vicieux où on ne peut dire la vérité sans choquer quelqu’un, ou blesser ses amis, où la prévoyance est taxée de dissolvance et les calculs raisonés de calculs égoïstes.

M. de Taleyrand part demain soir. Le dehors ne s’embellit pas ; Matuchewitz a fait manquer à Londres une Coërtion fiscale qu’aurait sans lui adoptée la conférence.

Pozzo crie sur les toits à Vienne que c’est une horreur de vouloir dépouiller encore le roi de Hollande ; la Prusse ne veut pas de nos rassemblements de troupes, pas de siège d’Anvers, et se borne à ne rien dire contre la coertion navale que chaque jour rend désormais illusoire ; chacun parle de sa dignité nationale, de son intérieur et prétend ne plus rien sacrifier au notre. Voilà comme nous allons aborder la session, et de plus les récriminations et le reste.

Je vous confie ces embarras, Madame, dont les doctrinaires ne nous sauveraient pas !

On peut voir maintenant si j’avais tant de tort, en priant de différer les épousailles, et de ne pas presser le départ, toujours à tems, des princes, de Gérard, et de tout ce ndemo belliqueux.

Quant à la composition ministérielle, j’ignore ce qui se fera. Le maréchal a été soufflé de mettre d’Argout aux aff. étr. il veut Bassano ou Rayneval et tous les deux ; moi, si j’ai voix et que je reste, je demanderai Thiers. On dit qu’Humann ne veut plus ; M. Louis en tous cas ne voudra plus rester, Montalivet dit qu’il se retirera, mais le Roi veut encore essayer de s’arranger avec Dupin.

Voilà des noms et des projets en l’air ; veuillez les prendre pour ce qu’ils valent et n’en pas nommer le narrateur, votre humble et dévoué, Madame.

H. de R.

Il est 9 heures du matin, et rien de fait ou du moins de connu pour moi.