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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Chambre des députés conservée, on la reconnaissait instrument admirable pour battre monnaie (selon l’expression admise), mais avec une loi électorale qui donnât une influence considérable aux classes supérieures. Voilà comme on entendait la Constitution.

La Couronne avait aussi sa part. Il s’agissait d’établir un moyen pour, en dernier ressort, forcer les assemblées à enregistrer les volontés du Roi qui pût répondre au lit de justice de l’ancien régime.

C’est en professant ces doctrines qu’on était regardé comme fidèle serviteur du trône et de l’autel, phrase banale dont on nous a rebattu les oreilles pendant les dix années que les intérêts de coterie et de passion ont si activement travaillé à en saper les fondements au lieu de les relever comme ils le prétendaient.

Les lois sur le sacrilège, sur le rétablissement des couvents, sur le droit d’aînesse, et enfin la forme de l’indemnité donnée aux émigrés ont été imposées à monsieur de Villèle par la Congrégation. Il en sentait toutes les conséquences et tâchait de les éloigner le plus possible.

Pendant la première année, les conspirations lui servirent de prétexte. Elles furent poursuivies et punies avec une extrême rigueur. L’échafaud politique se releva dans plusieurs provinces, aussi bien qu’à Paris. La ruse employée contre les mécontents dans celles de l’Est excita l’animadversion publique.

On fit parcourir la campagne par un corps de troupe, criant « Vive l’Empereur », afin d’encourager les bonapartistes à se déclarer et d’obtenir des preuves de culpabilité contre eux. Il faut avouer que cette mesure était plus digne des suppôts de l’inquisition que des ministres d’un roi constitutionnel.

Toutefois, cela passa pour un trait d’habileté à la Cour