Madame et son mari qui, avant de monter dîner chez le Roi, s’amusaient à regarder la table et les convives.
Je n’ai jamais pu concevoir comment, lorsque les souverains étrangers reçoivent constamment et familièrement à leur table les ambassadeurs de France, ils consentaient à subir, en la personne de leurs représentants, l’arrogance de la famille de Bourbon. Ne pas inviter les ambassadeurs chez soi n’était déjà pas trop obligeant, mais les faire venir avec tout cet appareil et cet in fiochi dîner à l’office m’a toujours paru de la dernière impertinence. Sans doute cet office était fréquenté par des gens de bonne maison ; mais enfin c’était une seconde table dans le château, car, apparemment, celle du Roi était la première.
Le festin ne se passait pas même dans l’appartement du premier maître d’hôtel où cela aurait pu avoir l’apparence d’une réunion de société ; les pièces étaient trop petites et il logeait trop haut. On se réunissait dans la salle d’attente de l’appartement de Madame et on dînait dans l’antichambre de monsieur le duc d’Angoulême, de manière qu’on semblait relégué dans les pièces extérieures, comme lorsqu’on prête un local à ses gens pour une fête qu’on leur donne. Je concevrais que les vieilles étiquettes de Versailles et de Louis xiv eussent pu continuer sans interruption, mais je n’imagine pas qu’on ait osé inventer de les renouveler.
Louis xviii y tenait extrêmement et, sans l’état de sa santé et l’espèce d’humiliation que lui causaient ses infirmités, nous aurions revu les levers et les couchers avec toutes leurs ridicules cérémonies.
Monsieur en avait moins le goût et, à son avènement au trône, il a continué l’usage établi par son frère de borner le coucher à une courte réception des courtisans ayant les entrées et les chefs de service qui venaient pren-