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LA PRINCESSE DE TALLEYRAND

J’avais été présentée lors de mon mariage, mais c’était dans un autre local et avec des formes différentes. D’ailleurs, j’étais dans ce temps-là plus occupée de moi-même que de remarquer les autres et j’en conserve un très faible souvenir. Au lieu que la matinée que je passai, en 1816, à Buckingham House m’amusa extrêmement.

Le baptême de la petite princesse d’Orléans donna lieu à Twickenham à une fête telle que le permettait un pareil local. L’empereur d’Autriche, représenté par son ambassadeur, le prince Paul Esterhazy, était parrain. Il y eut un grand déjeuner où assistèrent le prince régent, le duc et la duchesse d’York, les ducs de Kent et de Glocester. La vieille Reine et les princesses y vinrent, de Frogmore, faire une visite.

Je m’étais flattée d’y voir la princesse Charlotte, mais le prince Léopold arriva seul, chargé de ses excuses ; un gros rhume servit de prétexte. Le véritable motif était sa répugnance à se trouver avec sa grand’mère et ses tantes. Elle l’avoua plus tard à madame la duchesse d’Orléans. Elle l’aimait beaucoup et venait souvent faire des courses à Twickenham, mais je ne l’y ai jamais rencontrée.

On comprend que la journée du baptême fut lourde et fatigante. Ce diable chargé de princes, dans une modeste maison bourgeoise, se portait sur les épaules de tout le monde. On fit un grand soupir de soulagement quand la dernière voiture emporta la dernière Altesse Royale et la dernière Excellence et que, selon l’expression obligeante de madame la duchesse d’Orléans, nous nous retrouvâmes en famille.

En outre des affaires de l’État, mon père était encore chargé d’une autre négociation. Le prince de Talleyrand l’avait prié de faire ce qu’il appelait entendre raison à sa femme. Elle s’était réfugiée en Angleterre pendant les Cent-Jours et, depuis, il l’y retenait sous divers pré-