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CHAPITRE ix


Monsieur de Villèle. — Intrigue de Cour pour ramener monsieur de Blacas. — La duchesse de Narbonne. — Martin et la sœur Récolette. — Arrivée de monsieur de Blacas. — Déjeuner aux Tuileries. — La petite chienne de Madame. — Sagesse de monsieur le duc d’Angoulême. — Agitation des courtisans. — Trouble de monsieur Molé. — Bonne contenance de monsieur Decazes. — Délais multipliés de monsieur de Blacas. — Il est congédié par le Roi.

L’exaltation des bonapartistes, loin de calmer, servait même de stimulant à celle des ultras. Ils accusaient la longanimité du Roi et la modération du ministère. Selon eux, de sévères répressions, des procès, des condamnations, des échafauds, mais surtout des destitutions auraient assis la Restauration sur des bases bien autrement solides.

Monsieur de Chateaubriand avait, depuis longtemps, fait paraître sa Monarchie selon la charte où il ne demandait que sept hommes dévoués par département, au nombre desquels il plaçait le grand prévôt, et la liberté de la presse avec la peine de mort largement affectée à ses délits. Ces concessions paraissaient encore trop libérales aux ultras, et il était obligé de modifier ses doctrines pour rester un de leurs chefs. À plus petit bruit, il s’en élevait un autre bien moins brillant mais plus habile, monsieur de Villèle.

Son humble origine, ses formes vulgaires, sa tournure hétéroclite, sa voix nasillarde le tenaient encore éloigné