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TOM PELHAM

nelle pour la dernière fois avant de quitter le collège. Le lendemain de son arrivée, son père, lord Yarborough, petit homme sec, le plus froid, le plus sérieux, le plus empesé que j’aie connu, le fit entrer dans son cabinet et lui dit :

« Tom, le moment est arrivé où vous devez choisir une profession ; quelle qu’elle soit, je vous y soutiendrai de mon mieux. Je ne cherche pas à vous influencer ; mais, si vous préfériez l’Église, je dois vous avertir que j’ai à ma disposition des bénéfices qui vous mettront tout de suite dans une grande aisance. Je le répète, je vous laisse une entière liberté ; seulement je vous préviens que, lorsque vous aurez décidé, je n’admettrai pas de fantasque changement. Songez-y donc bien. Ne me répondez pas à présent ; je vous questionnerai la veille de votre retour au collège. Soyez prêt alors à m’apprendre votre choix.

— Oui, monsieur. »

À la fin des vacances où Tom s’était très bien diverti et où son père ne lui avait peut-être pas adressé une seule fois la parole, il l’appela derechef à cette conférence de cabinet, effroi de toute la famille, et, de la même façon solennelle, il l’interrogea de nouveau :

« Hé bien, Tom, avez-vous mûrement réfléchi à votre sort futur ?

— Oui, monsieur.

— Êtes-vous décidé ?

— Oui, monsieur.

— Songez que je n’admettrai pas de caprice et qu’il vous faudra suivre rigoureusement la profession que vous adopterez.

— Je le sais, monsieur.

— Hé bien, donc parlez.

— S’il vous plaît, monsieur, j’épouserai une héritière. »

Tout le flegme de lord Yarborough ne put résister à