CHAPITRE xiv
Si j’avais l’intention de faire le récit des petits événements de ma vie privée, ou plutôt si j’avais le talent nécessaire pour les rendre intéressants, j’aurais dû placer en 1800 un combat naval que le bâtiment sur lequel je revenais d’Hambourg soutint à la hauteur du Texel et, en 1804, la description d’un orage qui m’assaillit à l’entrée de la Meuse. On me fit grand honneur, dans ces deux occasions, de mon courage. Je suis forcée de l’expliquer d’une façon excessivement peu poétique ; j’avais abominablement le mal de mer.
Peut-être pourrais-je réclamer à plus juste titre quelque éloge pour avoir montré du sang-froid dans une position très périlleuse qu’amena la courte traversée de Douvres à Calais, au mois de février 1818.
Par la coupable incurie du capitaine, nous échouâmes sur une petite langue de sable placée entre deux rochers à un quart de lieue de la côte. Chaque lame nous soulevait un peu, mais nous retombions plus engravés que jamais. C’était encore heureux, car, si nous avions heurté de cette façon sur les rochers dont nous étions bien rapprochés, peu de secondes auraient suffi à nous démolir.