confirma la volonté positive du Roi de s’opposer à toute espèce de jugement et de se borner à une détention politique que la même raison politique pouvait modifier, prolonger ou abréger arbitrairement. Cela présentait déjà une série de difficultés presque inextricables dans un pays de discussion et de passion comme le nôtre où l’opposition se fait arme de tout.
J’étais destinée à voir le soir même une singulière péripétie. Les dépêches de Nantes avaient apporté les détails de l’arrestation. Monsieur Thiers, impressionnable et mobile au suprême degré, ému des souffrances de la princesse, touché de son courage, frappé du ton de grandeur dont elle avait commandé autour d’elle, se trouva plein d’enthousiasme pour sa triste prisonnière.
Oubliant ses diatribes des jours précédents contre la femme désordonnée, contre la folle coupable qui, profitant de la calamité d’un fléau, avait voulu joindre les ravages du fer et du feu de la guerre civile à ceux du choléra pour désoler la France, il ne voyait plus dans Marie-Caroline que la fille des rois soumise à de nobles et poétiques malheurs supportés avec constance, avec magnanimité :
« Convenons-en, messieurs, madame de Boigne a raison : les personnes royales comme elle dit, sont d’une sorte à part. »
Et je vis qu’une locution, toute simple dans le monde où j’ai vécu, avait blessé l’épiderme si sensible du parvenu.
Lorsque Deutz avait été introduit chez madame la duchesse de Berry, elle l’avait accueilli d’une bonté familière qui avait dû sembler bien cruelle à ce misérable. Après avoir parlé de sa mission, lu et signé des papiers relatifs aux affaires pour lesquelles il s’entremettait,