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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/188

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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

Quoi qu’il en soit, dès la discussion de l’adresse, monsieur Thiers avait dû défendre son prédécesseur, monsieur de Montalivet, contre l’opposition de gauche pour la non-arrestation de madame la duchesse de Berry, et lui-même contre l’opposition de droite, pour son incarcération.

Monsieur Berryer, revenu de ses terreurs en voyant la longanimité si manifeste du gouvernement, fit une sortie violente sur ce que la liberté individuelle du citoyen français avait été violée en sa propre personne, sous le régime atroce de la mise en état de siège, et eut l’impudence de reprocher la détention arbitraire de madame la duchesse de Berry que le despotisme prétendait soustraire au jugement des tribunaux.

Monsieur Thiers répondit victorieusement à tous les arguments et obtint une forte majorité.

Il ne serait pas impossible, au surplus, que, dans des intérêts de parti ou dans la pensée de s’illustrer par l’éloquence d’une défense ne présentant à cette heure aucun danger pour lui, monsieur Berryer désirât sincèrement le scandale d’un procès. L’envie qu’il en témoignait, au reste, servait à en éloigner l’immense majorité des députés.

La prise d’Anvers, arrivée avant la fin de l’année, consolida le cabinet et lui donna la force dont il a vécu jusqu’au moment où lui-même s’est divisé ; mais ceci appartient à l’histoire.

Je reprends ma spécialité et retourne au commérage.

L’absence de mademoiselle de Kersabiec allait laisser madame la duchesse de Berry sans dame autour d’elle. Lui en nommer d’office semblait une aggravation à sa captivité. La Reine s’en préoccupait fort lorsqu’elle reçut de la duchesse de Reggio (la maréchale Oudinot),