crois, excita l’attention des personnes accoutumées à ces sortes de visites. Il était le don de madame de Chastellux. On y trouva, en effet, beaucoup d’écriture à l’encre sympathique, des assurances de fidélité éternelle, des conseils sur la conduite à tenir, des espérances de bouleversement prochain, etc.
La chose la plus importante était l’avis donné que toutes les promesses pécuniaires qui seraient faites par madame la duchesse de Berry pour gagner les gens dont elle était entourée, soit pour recouvrer la liberté, soit pour établir des communications au dehors, se trouveraient immédiatement acquittées.
Monsieur Thiers me vint raconter cette trouvaille, me témoignant assez d’humeur de ma persévérance à obtenir l’accomplissement d’une œuvre qui, je l’avoue, me semblait parfaitement insignifiante et dont le refus aurait fait crier à la persécution.
Je fus un peu déconcertée de l’aventure du livre. Heureusement, monsieur Thiers ne se souciait guère de se faire de nouvelles affaires et ne redoutait nullement les conspirations de ces dames ; il se calma et garda le silence sur sa découverte. Je ne pense pas que madame de Chastellux en ait été instruite, du moins ne lui en ai-je jamais parlé.
Cependant, l’ouverture des Chambres avait eu lieu, et mes prévisions de malheurs s’étaient justifiées : on avait tiré sur le Roi. C’est le commencement d’une détestable série de tentatives d’assassinat. Bergeron, qui s’échappa, fut enfin arrêté, jugé et acquitté d’un crime dont lui-même depuis s’est publiquement vanté.
Il professait les idées républicaines, mais la suite l’a montré trop vénal pour être à l’abri du genre de séduction que le parti carliste avait à sa disposition, et il était bien exaspéré dans ce moment.