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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/211

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Il fallait un grand fonds d’ignorance des princes, de la Cour et du monde en général pour croire sincères les cajoleries dont on le comblait à Blaye, et, il faut en convenir, madame la duchesse de Berry, n’avait pas de motif pour aimer à s’entourer des témoins du triste séjour qu’elle y avait fait.

Sa gaieté, au reste, ne se démentit pas un instant pendant tout le voyage. Son unique préoccupation était la crainte de manquer à Palerme les fêtes de sainte Rosalie ; elle y avait assisté dans son enfance et en conservait un très vif souvenir.

La faveur de la petite Rosalie allait toujours en décroissant ; mais elle fut entièrement mise de côté lorsque le père qu’on lui avait inventé, et que madame la duchesse de Berry ne s’attendait pas à trouver en Sicile, se présenta à bord de l’Agathe.

Ce pauvre petit enfant, repoussé de tout le monde, est mort bientôt après à Livourne, chez un agent d’affaires où on l’avait déposé comme un paquet également incommode et compromettant.

Je ne sais si le nom du véritable père demeurera un mystère pour l’histoire, quant à moi, je l’ignore. Faut-il en conclure, ainsi que monsieur de Chateaubriand me répondait un jour où je l’interrogeais à ce sujet : « Comment voulez-vous qu’on le dise, elle-même ne le sait pas ! »

Une véritable séide de la princesse (je puis aussi bien la nommer, madame de Chastellux), dans un premier accès de colère contre elle, me tint à peu près le même langage : « Figurez-vous, ma chère, me dit-elle, qu’elle a eu l’incroyable audace d’oser qualifier ce misérable enfant d’enfant de la Vendée !… en un sens elle a raison… », ajouta-t-elle plus bas.

Les grandes fureurs assoupies, le mot d’ordre fut