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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/227

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

distribués à tout ce qui était dans la salle, nous trouvâmes, en sortant du spectacle, une table à thé préparée dans le salon de famille. Madame Adélaïde s’y assit, la Reine se tint debout à causer, le Roi et les princesses ses filles se retirèrent ; et chacun, suivant son goût ou sa fatigue, suivit celui de ces exemples qui lui convenait le mieux. J’étais lasse ; je choisis le dernier.

On était averti officiellement que le déjeuner était à dix heures et officieusement que la Reine entendait la messe à neuf heures et demie. J’y allai.

C’était dans cette jolie chapelle de saint Saturnin que le furetage artistique du Roi avait découverte, servant de salle à manger à la quatrième table du commun depuis bien longtemps, et qu’il avait rendue à la destination pour laquelle saint Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, l’avait bénie dans le douzième siècle.

La Reine et les princesses étaient dans leur tribune. Nous nous trouvâmes cinq à six femmes dans la chapelle, sans qu’on fît attention à celles qui y assistaient ou qui y manquaient. Il n’y avait pas un homme.

Le déjeuner fut mieux suivi et les quatre-vingt-quatorze couverts étaient tous occupés.

En sortant de table, on se réunit dans le salon de famille. Une partie des femmes se mirent à travailler ; les autres s’établirent autour de grandes tables couvertes de gravures et d’ouvrages remarquables, la plupart relatifs au château où nous nous trouvions et que le Roi devait nous faire visiter en détail, sitôt qu’il aurait terminé avec le maréchal Gérard une conférence que celui-ci venait de réclamer. Sauf qu’il y avait plus de monde, l’aspect du salon était précisément le même que dans une maison de campagne, chez un particulier, à pareille heure.

Le maréchal expédié, le Roi vint dégager sa promesse. On ne peut imaginer un cicerone plus instructif, plus