Aller au contenu

Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
246
MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

incapables, surtout dans un moment de trouble comme celui où se devait trouver madame la duchesse d’Orléans.

Quant à la princesse Marie, elle était presque constamment appuyée contre le battant de la porte d’entrée, se tenant à égale distance de sa famille et des invités, ne parlant à personne et ayant dans tout son maintien un abattement qu’elle ne se donnait pas la peine de dissimuler.

Regrettait-elle le premier rang que cette gracieuse étrangère venait lui ravir, ou bien ces noces renouvelaient-elles le chagrin qu’elle commençait à ressentir de n’être point encore mariée ? Je ne sais. Mais elle portait l’empreinte d’un mécompte avec la vie. Heureusement sa tristesse n’était pas contagieuse et, quoique la princesse Clémentine se tînt, selon l’usage, derrière sa sœur, elle ne partageait pas son air mélancolique.

Il n’y eut pas de promenade générale, mais on mit des chevaux et des calèches aux ordres de ceux qui voulurent en user, et il y eut plusieurs parties faites dans le voisinage. Pour moi, je préférai me reposer.

Cependant, je profitai de mon loisir pour aller visiter les travaux achevés depuis 1834, notamment la galerie de Henri II, aussi remarquablement élégante que magnifique, et l’appartement de madame de Maintenon où le duc et la duchesse de Broglie étaient logés en ce moment.

Le Roi avait fait rechercher, avec grand soin, tous les renseignements du garde-meuble pour le faire remettre dans l’état où madame de Maintenon l’avait habité.

J’approuvai peu la galerie Louis-Philippe construite au rez-de-chaussée ; je doute que cet échantillon du goût actuel donne à sa postérité une grande admiration de l’art à notre époque. C’est encore de ces lourdes et