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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/252

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LE MARIAGE DU DUC D’ORLÉANS

massives colonnes, ne soutenant rien et enlevant à la fois l’espace et la lumière que monsieur Fontaine a tant prodiguées dans les palais et même dans les hôtels dont il a eu la direction.

Empanachée et embrillantée derechef, je me rendis avant six heures au même lieu que la veille où les mêmes cérémonies eurent lieu. Les nouvelles arrivées furent à leur tour rangées près de la porte, et présentées à madame la duchesse d’Orléans au passage pour le dîner.

Je ne conserve comme souvenir de ce moment que celui de la toilette de madame de La Trémoïlle, encore mieux mise que le jour précédent, où pourtant elle avait emporté la palme de la parure. Sa robe, fort simple, était garnie de branches de roses, dont une étoile de diamants formait le cœur ; le bouquet, la coiffure, les agrafes des manches, tout était pareil. Ce parterre, si brillant et si frais, parvint à se faire remarquer, au milieu des rivières de diamants qui reluisaient sur les têtes, les cols et les corsages environnants.

Pendant qu’on prenait le café, le roi Léopold, si scrupuleux sur l’étiquette en général, inventa de se faire présenter, par monsieur le duc de Nemours, à Yousouf (espèce de chenapan algérien) afin de satisfaire la fantaisie d’examiner les armes qu’il portait.

Il traversa toute la salle pour obtenir cette belle présentation à la barbe d’Israël. Israël le remarqua et en fut tout à la fois scandalisé et amusé.

Les talents réunis de Duprez et de mademoiselle Essler, ces notabilités de l’Opéra, que j’entendais et voyais pour la première fois, ne m’empêchèrent pas de trouver la représentation assommante. Elle avait commencé tard ; il était plus de minuit et demi quand on sortit du théâtre.