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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/255

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

pour qu’au milieu de cet enivrement de l’encens de toute une multitude, elle n’ait pas éprouvé quelque frémissement à entrer dans ce palais, successivement occupé par Marie-Antoinette, Marie-Louise et Marie-Caroline. Elles aussi y avaient été accueillies par de vives et passionnées acclamations !

Parmi les fêtes réservées aux noces de madame la duchesse d’Orléans, la plus remarquable sans doute fut l’inauguration du palais de Versailles.

Je m’y étais fait inviter par le Roi un jour où il me racontait ses projets pour l’ouverture, en me disant que ne pourraient y assister que les personnes officielles. Je lui répondis que cette déclaration me semblait fort triste et bien dure.

« Point du tout, reprit le Roi en riant, car je vous tiens pour personne très officielle.

— Je n’en savais rien, Sire, mais j’en prends acte pour cette circonstance. »

Ceci se passait longtemps avant le mariage, un jour où le Roi avait eu la bonté de me conduire à Versailles ; car, jusqu’au jour de l’ouverture, il n’a été donné aucune permission pour y entrer et on ne pouvait visiter le palais qu’à sa suite. C’était, au reste, la manière la plus agréable et la plus instructive.

Je ne manquai pas de réclamer, près du Roi, la position officielle qu’il m’avait accordée, et je fus invitée à l’inauguration de Versailles.

Je ne pense pas qu’il soit possible d’inventer quelque chose de plus magnifique que le matériel de la fête ; il était digne du local, c’est en faire assez l’éloge. Quant à la société qui s’y trouvait rassemblée, elle y paraissait assez hétérogène.

C’était le palais de Louis XIV pris d’assaut par la bourgeoisie. Les journalistes y foisonnaient, et y portaient