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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

si on s’en était tenu à ceux de premier ordre, m’y semblaient aussi très bien placés ; mais j’aurais voulu qu’on se retranchât dans les sommités en tout genre.

Au reste, quels que fussent les conviés, l’ouverture des galeries historiques dans ce palais se trouvait être, de fait, un hommage rendu à une classe qu’une bouderie d’esprit de parti empêchait d’y paraître en grand nombre.

La Restauration n’a rien fait d’aussi favorable à l’ancienne noblesse comme corps. La publicité de ce musée national renouvelle le souvenir des éminents services qu’en tout temps et au prix de son sang abondamment répandu elle a sans cesse prodigués à la patrie, les rend pour ainsi dire présents à tous les yeux et, par là, populaires.

Le château avait été livré à l’empressement des invités dès dix heures du matin, et la plupart étaient arrivés de bonne heure pour assouvir une curiosité exaltée par la privation imposée jusque-là.

La mienne étant satisfaite par avance, je ne précédai pas de longtemps la famille royale, qui arriva sur les trois heures. On se trouvait alors réuni dans l’Œil-de-bœuf, la chambre de Louis XIV, ses cabinets, enfin toutes les pièces donnant sur la cour.

À quatre heures, les portes de la galerie s’ouvrirent et quatorze cents personnes s’assirent au banquet. Des tables de vingt couverts, placées sur deux rangs, occupaient l’étendue de la galerie. Les quatre salons, situés aux deux extrémités, étaient aussi remplis de tables. Toutes étaient servies avec la même recherche et le même soin et rien n’y était épargné.

La table de la famille royale n’était distinguée que parce qu’elle occupait le milieu de la galerie et qu’on avait été averti de s’y placer, c’est-à-dire de suivre la Reine pour se trouver à cette table ; mais, quelques per-