Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

proclama la volonté de ne point l’affronter en restant à Paris.

Le désir de rompre la liaison qui la retenait depuis quelques années à Rochecotte et dont elle était fatiguée lui fit souhaiter que monsieur de Talleyrand quittât la France. Il aurait désiré Vienne ; mais, l’Angleterre ayant la première reconnu le nouveau gouvernement, il prit l’ambassade de Londres et s’y rendit accompagné de sa nièce.

Cette nomination se fit malgré monsieur Molé, alors ministre des affaires étrangères, qui aurait préféré monsieur de Barante. Monsieur de Talleyrand se montra blessé et profita de la circonstance pour établir ses relations directement avec le Roi.

Les dépêches insignifiantes arrivaient au ministre ; mais les véritables affaires se traitaient par une correspondance dont madame Adélaïde et la princesse de Vaudémont devinrent les intermédiaires.

Les dégoûts qui en résultèrent pour monsieur Molé entrèrent pour beaucoup dans le parti qu’il prit de donner sa démission. Son successeur, le général Sébastiani, ne cessa de se plaindre de ces communications clandestines sans obtenir aucun changement dans la conduite de monsieur de Talleyrand ; si bien que le traité de la quadruple alliance fut négocié et signé avant que le ministre en eût eu la moindre révélation.

Le duc de Broglie n’était pas d’humeur à tolérer des rapports si insolites. Sans se plaindre du prince de Talleyrand, il lui expédia des dépêches aussi insignifiantes que celles qu’il en recevait et attira toutes les affaires à Paris.

Monsieur de Talleyrand en fut averti, d’une façon un peu brutale, par lord Palmerston qui repoussa ses ouvertures sur une affaire en lui annonçant qu’après avoir