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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

dans des intérieurs exaltés en idées religieuses plus encore que légitimistes. Elle conçut donc cette pensée dès l’Angleterre, mais sans grand succès.

La vie des affaires avait aidé monsieur de Talleyrand à porter le faix qu’il semblait prêt à déposer quelques années avant. Son corps et son esprit s’étaient rajeunis de compagnie, et, ayant fait un nouveau bail avec le monde, il ne s’occupait plus guère de la façon dont il le quitterait.

La mort du curé de Rochecotte, qui aurait été un si grand événement pour lui avant 1830, arriva pendant son séjour en Angleterre, sans qu’il s’en préoccupât, d’autant qu’alors il n’était pas éloigné de la pensée d’achever sa vie à Londres.

Toutefois, madame de Dino s’occupait à tâcher de lui insinuer quelques idées de repentance, mais elle était repoussée avec perte. Elle a raconté au duc de Noailles qu’un jour de grande représentation, où ils avaient assisté in fiochi à la messe, elle lui dit en remontant en voiture :

« Cela doit vous faire un effet singulier d’entendre dire la messe.

— Non, pourquoi ?

— Mais je ne sais, il me semble… (et elle commençait à s’embarrasser) il me semble que vous ne devez pas vous y sentir tout à fait comme un autre.

— Moi ? si fait, tout à fait ; et pourquoi pas ?

— Mais enfin, vous avez fait des prêtres.

— Pas beaucoup. »

Après de pareilles réponses, il fallait battre en retraite ; mais, lorsque madame de Dino n’est pas entraînée par les passions auxquelles elle sacrifie tout, elle est aussi habile que persévérante ; et elle se promettait bien de revenir à la charge dans des moments plus opportuns.