Aller au contenu

Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
MORT DE MONSIEUR DE TALLEYRAND

Le Pape refusait la déclaration, telle qu’elle était rédigée, et exigeait des rétractations beaucoup plus complètes que monsieur de Talleyrand ne les aurait probablement consenties. Le retard du courrier évita du scandale et fut heureux.

La Cour de Rome tança l’archevêque et monsignor Garibaldi de leur indulgence. Notre chargé d’affaires, monsieur de Lordes, fut employé pour apaiser son humeur. Elle bouda un peu, mais elle est sage ; les faits étaient accomplis ; elle se détermina à accepter la déclaration comme bonne et suffisante, mais se garda de la publier.

Je n’ai point lu cette déclaration ; toutefois elle m’a été racontée par plusieurs personnes auxquelles elle avait été communiquée. Je crois être sûre qu’elle est conçue en termes vagues et généraux.

Monsieur de Talleyrand témoigne du regret de s’être laissé entraîner aux erreurs du siècle où il a vécu, ainsi que de la volonté de mourir dans le sein de l’Église catholique, apostolique et romaine où il est né. Du reste, d’abjuration, de prêtrise, d’épiscopat, de mariage, de scandales privés, pas un mot, même par allusion.

Dans la lettre au Pape, il s’accuse et se repent d’avoir un instant méconnu l’autorité légitime et salutaire du Saint-Siège, ce qui s’applique à la constitution civile du clergé admise et jurée par lui en 1791. C’est le seul de ses méfaits qui soit consciencieusement indiqué.

Les obsèques du prince de Talleyrand se passèrent avec calme et décence. On avait annoncé du tumulte ; il n’y en eut aucun ; mais la foule était grande pour voir passer le cortège.

Lorsque monsieur de Talleyrand tomba malade, le 11 mai, il se préparait à partir le 15 pour Valençay. Ce