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MORT DE LA DUCHESSE DE WURTEMBERG

« À présent, dit-elle, il n’y a plus personne sur la terre qui m’aime mieux que tout le monde. »

Olivia protesta de cette vive amitié de jeunesse qui l’unissait à la princesse.

« Oh, ma chère Olivia, vous avez votre famille, et puis vous vous marierez, et vous devez préférer votre mari à toute chose ! »

Cette idée d’union conjugale poursuivait toujours la princesse Marie comme le seul type du vrai bonheur.

L’intérieur de sa famille, à la vérité, devait l’entretenir dans cette pensée, et la Reine s’était toujours attachée à l’inculquer à ses filles dont elle désirait passionnément le mariage.

Aussi, y avait-il toujours quelqu’un en perspective ; mais tous manquaient, les uns après les autres, et la princesse Marie retrouvait encore là ces entraves de son état de princesse qui lui paraissaient sans aucune compensation parce que tous les nombreux avantages, qui en résultaient pour l’agrément de sa vie, lui étaient trop familiers pour qu’elle pensât à les remarquer.

Cependant, jamais il n’y eut d’étiquette moins gênante, et la Reine s’appliquait à donner à la princesse la liberté compatible avec un ordre de société où la presse, dans sa licence, s’attaque à tout ce qui devrait inspirer le respect, dès qu’on peut l’apercevoir du dehors.

La princesse Marie avait pourtant réussi à s’attirer une certaine popularité, et ce n’était certes pas en la cultivant. Je me rappelle qu’un jour, où j’avais dîné aux Tuileries, elle était debout devant le feu, appuyée sur un grand écran, placé en avant d’elle, et sur le bout duquel je m’appuyais aussi.

Le salon était plein de députés, dont les uns avaient dîné au château et les autres arrivaient en visite (car