Aller au contenu

Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
295
MORT DE LA DUCHESSE DE WURTEMBERG

Peu de semaines après, la reine de Naples (à l’influence de laquelle on attribuait les répugnances du Roi à une alliance française) mourut en couches, et trois mois ne s’étaient pas écoulés que le souverain veuf se mit en quête d’une nouvelle épouse.

Il visita successivement les Cours catholiques d’Allemagne et vint enfin à Paris, malgré des relations si peu amicales qu’il n’y avait pas même un ambassadeur.

Je crois être sûre qu’autant notre Reine et sa fille avaient désiré le mariage du prince Léopold, autant elles auraient craint celui du Roi, et, si la politique avait entamé une pareille négociation, elle aurait trouvé de grands obstacles dans l’intérieur du palais.

Toutefois, la conduite du roi de Naples n’en fut pas moins étrange et maussade pour nos princesses, car l’âge de la princesse Clémentine permettait qu’il pensât à elle. Il passa trois semaines à Paris, ayant l’air de les examiner et presque de les courtiser, et, dès le lendemain de son retour à Naples, fit demander officiellement la main de l’archiduchesse Thérèse.

On ne pouvait choisir des formes plus désobligeantes. Elles furent péniblement senties par la princesse Marie, et sa tristesse en augmenta.

Je tiens d’une de ses amies les plus intimes, qui l’engageait à prendre l’attitude d’une personne se refusant au mariage et lui représentait l’agrément de sa position dans une famille si unie, avec des talents supérieurs qui l’éloignaient de l’ennui, qu’elle s’écria tout à coup : « Et lorsque je me présenterai devant Dieu, avec mes figurines dans les bras, que lui répondrai-je quand il me dira : « Est-ce pour cela que je t’ai envoyée sur la terre ! »

Plus tard, lorsqu’elle se plaignait, suivant son usage, de ce qu’il n’y avait rien d’exclusif dans les sentiments qu’elle inspirait, son amie lui fit remarquer que l’exclusif