dame Cecil et lui conservait la prééminence dans le village, mais toujours dans la ligne de son état de petite fermière. Trois enfants naquirent, et elle ne se doutait guère de la position sociale de leur père.
Enfin, lord Exeter, le plus fier des hommes, qui n’aurait jamais pardonné une telle alliance, mourut. Monsieur Cecil, marquis d’Exeter, revint au village. Il y passa quelques jours. Les soins ruraux n’exigeant pas en ce moment la présence de sa femme, il lui proposa un petit voyage d’amusement ; elle y consentit avec joie. Où n’en aurait-elle pas trouvé avec Cecil ? Il loua un gros cheval ; on le chargea d’une selle et d’un pilion sur lequel la fermière monta en croupe derrière son mari, suivant la manière dont les personnes de cette classe se transportaient alors. Cecil montra à sa femme plusieurs belles habitations qu’elle admirait fort. Enfin, le troisième jour, ils arrivèrent à Burleigh ; il entra dans le parc :
« Est-ce que le passage en est permis ? lui demanda-t-elle.
— Oui, à nous. Il m’est venu la fantaisie de vous faire maîtresse de ce parc. Qu’en pensez-vous ?
— Mais j’accepte très volontiers.
— Et le château vous plairait-il ?
— Assurément. »
Ils traversèrent tout le parc, en causant de cette sorte ; à la fin, elle lui dit :
« Mais prenez garde, Cecil ; ceci passe la plaisanterie ; nous approchons trop de la maison, on va nous renvoyer.
— Oh ! que non, ma chère, on ne nous renverra pas. »
Ils s’arrêtèrent à la porte du château. Une haie de valets y étaient rangés.
« Voilà, leur dit-il, lady Exeter, votre maîtresse : obéissez-lui comme à moi…
— Oui, mylord. »