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CHAPITRE iii


Je m’habitue à la société de Paris. — Arrivée de mes parents en France. — Madame et mademoiselle Dillon. — Je donne des plumes à l’impératrice Joséphine. — Société de Saint-Germain. — Madame Récamier. — Premiers bains de mer.

Dans les premiers temps de l’Empire, la société de l’opposition à Paris était fort agréable. Une fois que j’eus fait mon noviciat et me fus entourée d’une coterie, je m’y plus extrêmement.

Chacun commençait à retrouver un peu de bien-être et de tranquillité ; on ne voulait plus les exposer, de sorte que les opinions politiques se montraient assez calmes. On était divisé en deux grands partis : les gens du gouvernement et ceux qui n’y prenaient aucune part. Mais ceux-ci, et j’étais des plus hostiles, se bornaient à des propos, à des mauvaises plaisanteries quand les portes étaient bien fermées ; car, sans professer hautement le code de monsieur Malouet, on s’y rangeait au fond. Quelques sévérités exercées, de temps en temps, sur les plus intempestifs tenaient tout le monde en respect. Il en résultait plus d’urbanité dans les rapports.

Les existences n’étaient pas encore classées ; peu de gens étaient établis, et les personnes qui avaient une maison ouverte à la ville ou à la campagne trouvaient facilement à y réunir une société très agréable. Je fus de ce nombre, dès le second hiver. Cela dura trois ou quatre ans ; au bout de ce temps, les désertions devinrent